Article paru dans le magazine Le Pèlerin
Religions et spiritualités – Culture interreligieuse
Que fête-t-on à l’Épiphanie ?
Très populaire pour sa galette, l’Épiphanie, fêtée le 6 janvier*, est une grande solennité du calendrier liturgique chrétien.
Elle évoque la première révélation au monde du Dieu incarné, en la figure de l’Enfant-Jésus.
par Dominique Lang
Publié le 2 janvier 2024
* : Dans la liturgie latine, là où ce jour n’est pas férié, la célébration de cette fête est fixée au dimanche le plus proche du 6 janvier, afin que le plus grand nombre de fidèles puisse la commémorer.
cf. l’Épiphanie
Image : Épiphanie © FRED DE NOYELLE/GODONG/PHOTO.COM
UN ÉVÉNEMENT BIBLIQUE
C’est au deuxième chapitre de l’Évangile selon saint Matthieu qu’est racontée l’histoire qui se trouve à l’origine de cette fête (versets 1 à 12).
En langage liturgique, on parle d’une « solennité » car elle concerne directement un épisode de la vie du Christ.
Dans l’élan des épisodes de la nuit de Noël, ce récit complémentaire rend compte de la visite de « mages venus d’Orient » qui souhaitent vénérer le « roi des Juifs qui vient de naître ».
Guidés par l’étoile, ils arrivent à Bethléem où, « tombant à genoux, ils se prosternèrent devant lui ». Les présents qu’ils déposent à ses pieds évoquent l’événement joyeux, préfiguration de l’accomplissement des temps, annoncé par le prophète Isaïe : ce moment où les royautés du monde et leurs « trésors d’au-delà des mers » afflueront à Jérusalem (livre d’Isaïe, chap. 60, versets 1 à 6).
Chameaux, dromadaires, encens, or : la prophétie semble dessiner en filigrane la figure des Rois mages.
UNE FÊTE CHRÉTIENNE
Le mot « épiphanie » est d’origine grecque, issu de la racine phanein qui signifie « briller, paraître, se montrer ». Un verbe utilisé dans le texte biblique pour parler de l’étoile qui guide les mages.
Une épiphanie est donc ce moment où un éclairage spirituel décisif est apporté. Ces mages, venus de loin, sont une façon de signifier la première manifestation du Christ pour l’ensemble du monde. De fait, d’un point de vue liturgique, trois « épiphanies » célèbrent les premières manifestations du Christ : l’adoration des mages, son baptême dans le Jourdain et son premier miracle à Cana. Venue des Églises d’Orient, cette solennité y reste importante, remplaçant même, du fait du calendrier qui leur est propre, le Noël des Églises d’Occident. Les Églises coptes et arméniennes célèbrent ce jour en posant des cierges aux fenêtres durant la nuit de la solennité.
Cette tradition évoque le passage, de nuit, du Christ – rappel lointain de la libération des Hébreux d’Égypte – qui vient bénir ainsi les maisons éclairées.
UNE TRADITION POPULAIRE
Dans l’Église catholique, l’Épiphanie est célébrée lors du dimanche qui a lieu entre le 2 et le 8 janvier, avec une préférence pour le 6.
De nombreuses traditions populaires sont nées de cette célébration autour de la lumière ou de la figure intrigante des mages. Dans la cathédrale de Cologne (Allemagne), par exemple, des reliques des Rois mages sont vénérées. Ailleurs, des villages organisent des processions autour de ces trois figures.
En Espagne, la fête s’accompagne d’une distribution de cadeaux, pour évoquer le geste des mages devant l’enfant de la crèche.
La galette des rois et son rite d’élection combinent un rituel ancien remontant aux Romains et sa transposition, au Moyen Âge, en contexte chrétien. « Tirer les rois » trouve du sens dans les monarchies traditionnelles, soulignant ainsi la légitimité spirituelle des autorités en place. Tradition ancrée dans les habitudes familiales et culinaires, elle a survécu à la Révolution et se fête abondamment, même dans des pays très sécularisés.
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